Gains des teneurs de marché : comment ils réalisent des profits

Oubliez la légende urbaine selon laquelle le spread fond comme neige au soleil lors des tempêtes boursières. Même quand les écrans clignotent et que les volumes explosent, cet écart minuscule entre prix d’achat et prix de vente reste là, imperturbable, capté par une poignée de spécialistes. Loin d’agir en funambules imprudents, ces acteurs s’appuient sur des algorithmes rodés pour borner leurs risques et ne laissent rien au hasard.

Contrairement à ce que la façade laisse penser, les portes du métier ne sont pas fermées à double tour. Des sociétés très variées y trouvent leur place, qu’elles opèrent sur les marchés réglementés les plus stricts ou sur des plateformes alternatives, là où la surveillance se fait plus discrète.

Le rôle des teneurs de marché : pilier de la liquidité et de la stabilité des marchés

La liquidité en Bourse ne relève pas du miracle. Elle tient à la présence infatigable des teneurs de marché, aussi appelés market makers. Derrière ce rôle parfois discret, on retrouve des poids lourds internationaux comme Goldman Sachs et Morgan Stanley, mais aussi des sociétés indépendantes rompues à l’exercice. Partout, ils affichent sans relâche des prix d’achat et de vente sur une gamme étendue : actions, obligations, devises, matières premières. Leur promesse : donner vie à chaque transaction, peu importe la météo sur les marchés.

Par leur simple présence, ils densifient le flux d’ordres. Ces intervenants alimentent l’offre et la demande, resserrent le spread achat-vente et assurent en permanence une passerelle entre acheteurs et vendeurs. De Paris à New York, du Nasdaq aux marchés de devises, la même mécanique : les grandes places boursières comptent sur eux pour garantir des cours fiables et limiter les emballements de prix.

Imaginons une journée où les acheteurs déferlent en masse ou au contraire désertent les carnets : les market makers absorbent ces chocs, soutiennent le marché, réajustent leurs positions instantanément. Leur rôle dépasse largement la simple intermédiation : ils amortissent, tempèrent et préviennent les coupures de cotation. Sans leur régularité, passer un ordre deviendrait aléatoire et le climat serait bien plus volatile pour chaque investisseur, institutionnel comme individuel.

Côté rémunération, leur source principale reste le spread engrangé. Mais chaque transaction s’accompagne d’une gestion fine des risques, calibrée au millième de seconde. Les places financières leur confèrent un statut à part, mi-négociant, mi-garant de l’équilibre général. Et même lorsque la tempête s’annonce, leur présence évite au marché de dérailler.

Quelles stratégies et techniques leur permettent de générer des profits ?

Gagner sa vie comme teneur de marché passe d’abord par l’exploitation rigoureuse de chaque micro-écart entre prix d’achat et de vente. Jour après jour, ce fameux spread achat-vente, multiplié par des milliers de passages d’ordres, nourrit les résultats des firmes du secteur : Optiver, Jane Street, Citadel, De Shaw… Toutes misent sur la rapidité et l’agilité pour rester compétitives.

La technologie, c’est leur terrain de jeu. Grâce à des algorithmes sophistiqués et à des infrastructures high-tech, ces acteurs décèlent en un éclair chaque variation de prix. Cet investissement permanent dans les outils numériques permet d’intervenir simultanément sur plusieurs marchés disséminés sur la planète, et de déclencher des ordres à la vitesse de l’éclair. L’automatisation de la tenue de marché réduit l’exposition à la brutalité des mouvements de cours.

Voici en pratique des méthodes concrètes employées pour améliorer leur performance :

  • Ils procèdent à des arbitrages en repérant les différences de prix sur les produits dérivés.
  • Ils gèrent leur portefeuille d’actifs de façon dynamique et en temps réel.
  • Ils utilisent des stratégies de hedging pour protéger leurs positions lors de pics de volatilité.

Maîtriser le risque devient alors l’obsession centrale : la moindre position peut virer à la perte si la tendance bascule. Les market makers adaptent leurs tarifs en une fraction de seconde, tentant de maintenir l’équilibre face à la concurrence grandissante des fonds systématiques et du trading à haute fréquence. Leurs algorithmes sont à l’affût, déplacent instantanément des capitaux, exploitent chaque brèche, et se replient aussitôt la fenêtre refermée.

Ceux qui dominent le secteur, comme Citadel ou Jane Street, tirent leur avantage d’une avance technologique et d’une organisation quasi militaire. Tout se joue sur la réactivité, la fiabilité des datas, la discipline dans la gestion des risques. Les suiveurs peinent à tenir la cadence dans cette course où la moindre latence se paie cash.

Salle de marché dynamique avec traders et écrans de marché en action

Trading à haute fréquence, manipulation et régulation : quels enjeux pour les investisseurs et le marché ?

Les teneurs de marché n’occupent plus seuls le terrain : l’arrivée des traders à haute fréquence (THF) a bouleversé l’équilibre. Portés par la puissance des machines et la rapidité algorithmique, ces acteurs élèvent le rythme sur toutes les grandes places. Sur le Nasdaq ou à Paris, une poignée de microsecondes suffit désormais à remodeler le carnet d’ordres. Résultat : une liquidité accrue, mais aussi un terrain de jeu chamboulé pour les investisseurs les moins rapides.

Cette accélération fulgurante soulève des craintes très réelles : certaines techniques flirtent ouvertement avec la manipulation de marché. L’exemple du spoofing, le fait d’envoyer de faux ordres pour orienter les prix avant de disparaître, a poussé les régulateurs à serrer la vis. De l’Amérique à l’Europe, le suivi s’intensifie, la surveillance monte d’un cran et les contrôles deviennent plus pointilleux. Les responsables publics avancent avec précaution, cherchant à promouvoir l’innovation sans ouvrir la porte à des comportements toxiques.

Voici quelques mesures concrètes prises pour mieux encadrer ces pratiques :

  • Un suivi renforcé de chaque ordre et des flux sur les différentes places.
  • Des sanctions ciblées pour mettre à l’écart les comportements déloyaux.
  • Des règles strictes encadrant le développement et l’utilisation des algorithmes de trading.

Au fil des années, les grands hedge funds et les grandes banques ont dû réinventer leurs infrastructures, adaptant leurs outils pour faire face à ces nouveaux standards de vitesse et d’intensité. Les mouvements brutaux peuvent faire trembler les cours ; chaque investisseur, qu’il intervienne à titre personnel ou pour le compte d’un fonds, se doit de redoubler de prudence pour comprendre et naviguer au sein de cette complexité croissante.

Lorsque le spread quasi invisible clignote sur votre plateforme de trading, gardez en tête que ce ballet synchronisé cache une guerre silencieuse où chaque milliseconde pèse lourd et où, loin des regards, les teneurs de marché imposent leur rythme à la Bourse d’aujourd’hui.

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